Marie Hélène Deaux est responsable des exportations chez Naturgie Favols depuis plus de 20 ans. Elle a accepté de répondre à ces quelques questions qui permettent de découvrir comment se développe la consommation d’aliments biologiques hors de nos frontières.
Quels sont les pays où Naturgie vend le plus de produits ?
M-H Deaux: Sous sa marque, Naturgie exporte principalement vers la Belgique, la Suisse, le Luxembourg, le Japon et la Pologne. Nous exportons aussi sous des marques de distributeurs en Espagne, en Suède, au Danemark et aux Pays-Bas. Et travaillons actuellement nos relations avec la Chine et le Portugal.
Naturgie: Comment sont perçus les produits biologiques dans ces différents pays ?
M-H Deaux: Pour les pays où le marché est mâture comme en France, les produits biologiques font partie de la vie courante. Ils sont bien représentés en magasin. Leur consommation augmente régulièrement, mais plus faiblement que dans les pays où l’engouement pour le bio est plus récent. Il y a de nombreux magasins de proximité spécialisé bio en Belgique, en Suisse, en Espagne tandis que dans certains pays comme en Suède ou au Danemark, le consommateur est habitué à trouver une offre bio en circuit de distribution supermarchés/et grandes surfaces. Bien que présente, l’offre bio est bien moins large que dans les « chaines » ou magasins bios en France ou en Allemagne.
Leur consommation est-elle très développée, réduite à certains aliments, certains clients ?
M-H Deaux: Pour les pays où le bio est déjà bien installé, on retrouve les mêmes habitudes de consommation qu’en France. Tous les produits sont représentés (frais et secs, bruts et transformés) avec une belle présence en magasin et des tarifs accessibles au grand public. À noter sur ces marchés, depuis ces cinq dernières années, un fort développement de l’épicerie fine, telle que la confiserie, presque inexistante auparavant. Alors que pour les territoires où le bio émerge, l’usage de produits biologiques est plus élitiste et concerne principalement les aliments frais, les produits de base et les productions locales.
Existe-t-il des habitudes de distribution très différentes ? Dont certains que vous souhaiteriez voir se développer en France ?
M-H Deaux: En Pologne par exemple, il y a peu de magasins de proximité et bien souvent les consommateurs font leurs courses dans les centres commerciaux dans les grandes surfaces où des corners bio sont présents. Il existe aussi quelques petites chaines de magasins biologiques qui se développent en élargissant leurs gammes de produits. Bien que très liées aux producteurs locaux, elles doivent importer de l’étranger pour satisfaire l’intérêt des consommateurs pour une alimentation saine. J’ai eu l’occasion de visiter des marchés locaux où se rendent à vélo de jeunes consommateurs adeptes d’un style de vie moderne et élitiste, les produits frais légumes/fruits, fromages prévalent mais les céréales et conserves importées sont également présentes. La Pologne offre aussi un mode de distribution que j’aimerais retrouver en France. Il s’agit de petits cafés-épiceries où l’on peut prendre un verre et faire ses courses. L’ambiance y est conviviale, il y a des dégustations de produits, des échanges éducatifs. Cela permet de découvrir le bio en confiance et sur son aspect sympathique. En Suède un concept de magasin bio offre un espace de restauration, tables en bois partagées ou petits corners cela dépend. Ils offrent des produits frais cuisinés sur place, où se pressent les gens pour la pause déjeuner, ou simplement pour un moment convivial en faisant leurs courses. Ce concept existe aussi au Canada par exemple.
Quel est le poids de l’exportation pour une entreprise comme Naturgie ? Les marchés que vous souhaitez développer ?
M-H Deaux: L’exportation, tous produits confondus, représente environ 15 % du chiffre d’affaires Favols Naturgie. L’entreprise continue à progresser dans les points de ventes bio en France et cherche à faire connaître ses marques à l’étranger. Dans les pays où le marché bio existe depuis longtemps, la concurrence est forte et les linéaires sont déjà pourvus il est difficile de pouvoir rentrer de nouvelles marques ou même de nouvelles références même si elles sont innovantes. Nous concentrons donc nos efforts sur les régions où la demande émerge, ou sur des pays où le marché du bio a encore la place d’évoluer par exemple aux Etats-Unis, en Norvège, Danemark, Suède, au Portugal. La Chine et la Corée sont également des pays où la demande en produits bio est identifiée. Nous renforçons nos relations avec nos partenaires de Pologne et au Japon. Nous apportons avec nos différentes gammes des concepts d’alimentation bio à la fois gourmands, sains, innovants et nous mettons ces atouts en avant pour faire la différence et inciter de nouveaux partenaires à enrichir leur offre.