Céline Ledoux*, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le flexitarisme ?
C’est un mode alimentaire, apparu il y a environ cinq ans. Il se caractérise par une alimentation flexible (sous-entendu sans interdits), qui fait la part belle aux fruits et aux légumes. L’alimentation carnée est réduite (sans y renoncer), au profit des légumineuses. Soulignons que le flexitarisme est en accord avec les recommandations de l’Agence nationale de Sécurité sanitaire de l’Alimentation (Anses).
Comment se différencie-t-il du régime végétarien ?
Je dirais que le flexitarien est un végétarien à temps partiel. Il n’est pas militant ou dégoûté par la viande. Les patients que je reçois en cabinet associent souvent leur volonté de devenir flexitariens à la recherche de produits de bonne qualité nutritionnelle et de bon goût. Ils font généralement ce choix par souci écologique.
Quels sont les avantages du régime flexitarien sur la santé et sur la planète ?
Ce mode alimentaire et les motivations qui y conduisent ont un impact positif global.Les flexitariens que je conseille choisissent des produits de saison, locaux et en circuit court. L’empreinte carbone des aliments est ainsi réduite et ces derniers conservent vitamines et minéraux. Alors qu’un kiwi cueilli avant maturité en Nouvelle-Zélande et voyageant plusieurs semaines ne présente plus beaucoup d’intérêt nutritionnel. En réduisant la part de viande et de poisson dans leur alimentation, les flexitariens peuvent se permettre d’en acheter de meilleure qualité et donc de soutenir les filières locales exigeantes (éleveurs et agriculteurs bio, raisonnés, labellisés) qui trouvent ainsi des débouchés à un juste prix. Bien souvent, ces producteurs utilisent peu ou pas d’intrants (pesticides, antibiotiques…) ; ce qui est également un plus pour la santé des consommateurs et de la terre.
Et ses inconvénients ?
On ne peut pas s’improviser flexitarien. Cela nécessite de bien connaître ses besoins alimentaires. En effet, en limitant viande et poisson, riches en protéines (qui contiennent des acides aminés essentiels) et en fer, indispensables à l’être humain, il est important de savoir comment les remplacer. Cela passe par l’introduction de bonnes associations, céréales et légumineuses par exemple, et la consommation de fruits frais pour augmenter l’assimilation du fer végétal. Je conseille fortement aux personnes souhaitant changer de mode alimentaire de faire le point avec un ou une diététicienne-nutritionniste.
Pouvez-vous nous citer les grandes lignes du régime flexitarien sur une semaine ?
C’est un renversement des habitudes. L’élément principal du repas devient le plat de légumes. Auquel sera associé :
- de la viande, 3 fois par semaine maximum ;
- du poisson, 3 fois par semaine minimum ;
- des œufs ou une association céréales/légumineuses pour les autres repas ;
- les laitages selon les recommandations habituelles de l’Anses ;
- un fruit frais, surtout lors du repas céréales/légumineuses.
*Céline Ledoux est un ingénieur nutritionniste.